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Au fil du Nil / Egypte

  • pierre-andré dupire
  • 18 sept. 2015
  • 2 min de lecture

Vieux Boucau, 15 septembre 2015

Songe un peu, étranger, que depuis ces rives bordées de papyrus, 40 siècles te contemplent. Songe qu’on trouva là l’enfant Moïse, abandonné dans son berceau de joncs. Vois ces temples encore fièrement dressés. Songe aux Rois, songe aux Reines qui voulurent défier le temps et marquer à jamais ces lieux de leur majesté. Regarde à présent ces simples paysans. Celui-ci laboure et celui-là sème et tous deux ont les mêmes gestes, usent des mêmes outils que leurs lointains aïeux.

Tu as choisi de te laisser porter sur le Nil, de joindre le ballet tranquille des felouques sur ces eaux millénaires, de remonter l’histoire autant que le courant. Du pont de la dahabieh que poussent deux voiles latines, les rives forment le plus beau des spectacles. Le soleil se couche. Le fleuve reflète les berges et les palmiers et les fait paraître doubles. Tu sirotes le thé qu’on t’a apporté, laissant paisiblement se dérouler sous tes yeux cette fresque ininterrompue. Et tu comprends alors Hérodote : l’Egypte est bien un cadeau du Nil.

Demain, tu découvriras Karnak ; tu laisseras l’écho te répondre face aux temples d’Abou Simbel. A Edfou, peut-être t’envoleras-tu en songeant au dieu faucon. Plus loin, tu partiras sur les traces du dieu crocodile, d’Isis et d’Osiris, de Ramsès II et de Néfertari

Mais pour l’heure, ton bateau accoste sur des rives que les navires de croisière habituels ne peuvent approcher. C’est la Nubie secrète qui se révèle à toi. Dans ces villages modestes qu’annoncent des souks flottants, entre les maisons de torchis, tu plonges à nouveau dans l’histoire. Ce voyage initiatique que tu fais le long de ces berges mobiles, cette plongée aux origines de la civilisation, te font découvrir le caractère immuable des choses.

La nuit tombe à présent. Une poussière d’étoiles commence de voiler le ciel. Le vent est tombé. Tu te prélasses sur le pont. Le pilote laisse dériver le bateau avant d’accoster. Vous dormirez tout à l’heure le long de la berge d’où montent le chant des oiseaux et les bruits du crépuscule. Harmonie du soir, des couleurs et des sons. Le Nil s’écoule le long de tes rêves.

Ainsi conduit au rythme doucement balancé des voiles de la dahabieh, charmé par la douceur des êtres et la lumière des lieux, il te semble que tu es toi-même le Roi de cette vallée prestigieuse.

Pierre-André Dupire

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