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Entre Comitan et San Cristobal / Chiapas

  • pierre-andré dupire
  • 6 mai 2015
  • 2 min de lecture

19 avril 2014

Arrêt dans un village entre Comintan de Dominguez et San Cristobal de Las Casas. Samedi saint mais aussi jour de foire.

Côté culte, c’est le rassemblement des fidèles dont la file s’allonge le long du mur nord de l’église.  Avec à la main une rose et un bouquet de camomille, ils pénètrent dans l’édifice par une porte ouverte dans le transept. Derrière l’autel, dans un réduit de verre, un christ en croix vêtu d’un pagne de tissu moiré et parsemé de broderies dorées attend les processionnaires. Une fois dans la cage, ceux-ci lèvent leur visage vers le rédempteur, tendent le bras pour  caresser sa  tunique avec la rose qu’ils ont apportée, disposent celle-ci aux pieds de la croix, paraissent murmurer quelque prière puis sortent du réduit de verre et quittent l’église par l’autre côté du transept.

À l’extérieur, on a attaché quatre cordes à un anneau fixé en hauteur au mur extérieur de la nef. Les fidèles s’assemblent, se saisissent des cordes, s’en flagellent. Certains miment l’étranglement. D’autres préfèrent se fouetter avec le bouquet de camomille. S’ils ne le font pas eux-mêmes, leurs proches s’en chargent.  Il n’y a nulle violence dans les gestes de ces flagellants qui traduisent moins l’acharnement expiatoire que la complicité amusée. C’est la fête. On est en famille ou entre amis. On se plie avec humour au rituel avant d’aller, côté foire, se perdre dans les baraques de produits d’artisanat local ou d’importations chinoises.

Un haut parleur invite à venir découvrir d’extraordinaires  spécimens du monde animal. En mal d’émotions, nous nous risquons dans la camionnette qui sert de muséum. Dans une cage, le rat géant mesure bien deux pieds si l’on tient compte de sa queue. Suspendu aux longerons de la carrosserie,  l’anaconda digère, régurgitant par toutes ses coutures la paille et le sable dont on l’a bourré. Quelque couturier devrait passer par là. Circonspects devant les poules à poils et doutant qu’elles puissent résulter d’un croisement inter spécifique, nous nous montrons moins sceptiques devant le fœtus de porcs siamois conservé dans un bocal. C’est que la répétition fixe la notion et ces deux corps que réunit une tête unique ont de quoi nous convaincre.

Il nous en aura coûté 5 pesos. C’est bien peu pour être ainsi introduit aux mystères de la tératologie et de l’embryogenèse.

Pierre-André Dupire

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