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Yucatan / Mexique

  • pierre-andré dupire
  • 31 janv. 2015
  • 2 min de lecture

Merida, 11 avril 2014

C’est à son image que l’homme s’est souvent plu à imaginer Dieu. C’est à la leur que les mayas du Yucatan ont édifié leurs édifices. Le maya contemporain est massif et court. Il semble presque lui manquer quelques vertèbres. Tout le contraire de la grande odalisque d’Ingres dont un critique affirmait qu’elle paraissait en posséder une, surnuméraire.  Bref, en  un mot, le maya est comme les pyramides dont ses ancêtres ont parsemé le pays : il est tronqué. Au Musée du monde maya de Merida, on apprend que la taille de ses aïeux ne dépassait pas le mètre cinquante. Le visiteur se perd alors en conjectures. Comment grimpaient-ils les degrés d’une hauteur considérable qui les menaient jusqu’au sommet de ces constructions ? Il leur fallait lever bien haut la jambe ou la lancer bien bas quand ils en redescendaient. S’ils en redescendaient. Du moins vivants, car des sacrifices avaient lieu au sommet, dont les victimes étaient sans doute montées à reculons. Mais imagine-t-on le grand prêtre maya se plier à cet exercice ? Où l’on voit que si le pouvoir échoit de nos jours à ceux qui ont le bras long, il revenait dans doute en ces temps là à ceux qui pouvaient allonger la jambe. Ce n’est pas là le moindre des mystères mayas.

Ceux-ci disposaient, lit-on, d’un calendrier sophistiqué et de connaissances suffisamment avancées en mathématiques et en astronomie pour que, lors des équinoxes, le soleil fasse apparaître sur l’escalier de la grande pyramide de Chichen Itza, l’ombre portée du dieu-serpent Kukulcan. Ainsi, deux fois par an,  le 21 mars et le 21 septembre, à 15 heures précises,  le profane maya tressaillait d’effroi. A l’heure où nos ancêtres considéraient le cosmos au mieux comme une assiette plate, leur codex montrent qu’ils n’ignoraient rien des orbites de Vénus ou de Mars. Ils ne savaient pas fondre les métaux mais usaient d’un langage écrit. On a ainsi appris qu’à Palenque où régna Pakal, celui-ci s’inquiétait de sa succession, et qu’à Ek Balam, Ukit Kan Lek Tok laissa une empreinte durable sur la ville. Les archéologues sont en outre unanimes : il souffrait de 23 caries. Par contre, ils se disputent sur les causes de la disparition de la civilisation maya. Il ne faut pas trop attendre de la science.

Le Yucatán offre bien d’autres motifs d’interrogations. On situe à Merida le point de chute de l’astéroïde géant qui aurait causé la disparition des dinosaures. On voit par là que ce pays n’est pas sans dangers. Sur les routes, on y croise l’iguane vert-de-gris aussi fréquemment écrasé que le hérisson sur celles de France et l’homme prend conscience de sa propre fragilité.

Pierre-André Dupire

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